dimanche 6 décembre 2015

Architecture d'Entreprise, Architecture du SI, trois piliers pour la flexibilité



Un même combat pour la flexibilité


Le concept d'Architecture d'Entreprise est issu de réflexions historiques sur l'empilement des systèmes d'informations, et aux Etats Unis d'une réglementation fédérale (Clinger-Cohen Act 1996).
 
De fait, c'est une lutte contre l'embolie que les systèmes d'information traditionnels provoquent progressivement, en s'imbriquant, se complexifiant plus que de raison.
 
Même si le développement de ces SI peut maintenant être fondé sur des techniques et méthodes plus "agiles" (DevOps, démarche "agile", micro-services, ...), et en rupture avec la culture SI traditionnelle, le patrimoine SI existant a été défini "à l'ancienne" et, par construction, ne peut devenir miraculeusement flexible.
 
Nous avons aussi pointé l'ancienneté des méthodes d'Architecture d'Entreprise, issues de cette époque des SI conçus par blocs applicatifs maladroitement interfacés, méthodes et modèles inadaptés pour cette flexibilité :
 
  • que ce soit dans le renouvellement du patrimoine, ignorant la rupture de culture SI,
  • ou dans la mise en mouvement du patrimoine existant, qui repose sur de la méthodologie lourde et ne tire pas profit des avancées technologiques (voir la métaphore des cathédrales).
Pourtant le Business est de plus en plus dépendant du SI, avec une numérisation envahissante. Les chaînes de valeur se transforment, la concurrence se déplace et la flexibilité du SI est clé pour une flexibilité du Business. C'est indispensable pour conquérir de nouveaux espaces d'affaires, ou pour résister aux "barbares", et la flexibilité du Business repose sur la flexibilité du SI.

Trois piliers pour la flexibilité


Assez logiquement, se donner de la flexibilité peut être vu de 2 façons :
  • soit faire l'inventaire de tout ce qui doit être flexible (les composants, l'entreprise, la chaînes de valeur, le processus de développement,...)
  • soit, a contrario, raisonner "en creux", et pointer ce qui peut, et doit, rester rigide.
La première approche est vertueuse, mais elle ne garantit pas le résultat : d'expérience, la rigidité apparait a posteriori, car on n'a pas anticipé sur telle ou telle dimension de flexibilité. Par exemple, on a conçu tous les détails de micro-services totalement flexibles, sans vision d'ensemble et étude de scénario. Surtout, même avec un SI utopiquement flexible sur tous les azimuts, les rigidités organisationnelles, réglementaires, culturelles, sociales bloquent les mouvements : elles doivent plus que jamais être anticipées. En outre, comme toujours, le patrimoine existant est en travers de la route, sa migration est un problème en soit, qui ne passionne pas les apôtres des développements agiles.

Surtout le domaine d'étude de la flexibilité est complexe et infini. Dans un paysage SI et Business de plus en plus incommensurable, il est irréaliste de vouloir le cartographier, le décrire dans une vision figée.

La deuxième approche est bien plus praticable. L'architecture "3 piliers" proposée ici repose sur des constats d'existence d'invariants "évidents". Notons que nous appelons invariants des concepts qui, dans un monde en changement somme tout rapide, ne sont pas remis en cause, où le sont lentement au regard du mouvement général.

Ces 3 piliers sont :

Les modèles des données de références :

Pilier 1 : les informations de référence statiques : identification et caractéristiques typiques des objets du monde réel (personnes, clients, entités économiques, éléments de structure, d'organisation, produits, services, nomenclatures diverses et variées, ...). Ce sont les informations que l'on peut organiser au sein d'un MDM, ou dans un ERP, ou dans tout dispositif technico-organisationnel de gestion de la cohérence, au sein de l'Entreprise. Ou de façon plus globale, au sein d'un écosystème, voir d'un périmètre social ou économique.

Pilier 2 : les informations de référence dynamiques : flux et échanges opérationnels entre les acteurs des chaînes de valeur, typiques des cycles de vie des objets du monde réel. Il est fondamental de distinguer ce type de pilier, par rapport au précédant, car les pratiques sont différentes, mal reconnues, partielles (pivot SI résolvant seulement une partie du problème). Ceci correspond à la notion de "puits de données" explicitée ici.

Pilier 3 : Les modèles de chaîne de valeur. Nous avons constaté ici :

  • d'une part l'invariance des cycles et parcours, des événements initiateurs de chaînes de valeur, 
  • d'autre part la grande stabilité de segmentation des chaînes de valeur, segmentation correspondant à des ruptures physiques (logistique, fabrication, ...), réglementaires, professionnelles, ou d'optimisation économique (opérateurs spécialisés). Bien sûr il ne s'agit pas de la stabilité de chaînes de valeur elles-mêmes, qui sont en profonde re-ingénierie à notre époque "iconomique". Mais de stabilité "meta" (comme d'ailleurs pour les piliers 1 et 2 dont la meta description est peu ou pas évolutive : les caractéristiques d'identité d'une personne sont figées).

L'existence de ce pilier est fondamentale, et soit dit en passant totalement ignorée du corpus méthodologique actuel (grands cabinets, organisations professionnelles et gouvernementales). En effet elle garantit un positionnement clair et fondamental des piliers 1 et 2, sans le quel ces piliers s'effondreraient à la première secousse, avec un effet domino sur le Business et tout le SI qui s'y sont adossés.


Une structuration progressive


Si l'on en revient au défi posé ici, rien ne sert de disposer d'une cible magiquement flexible à terme, même si cette architecture à 3 piliers satisfait le dilemme de la flexibilité, car il faut pouvoir l'atteindre.

Ici intervient la technologie, avec l'émergence de produits d'intégration de données qui permettent, à coût réduit et délais courts, de mettre le patrimoine en mouvement. Et aussi, n'est-ce pas miraculeux ?, de satisfaire aux exigences de rupture pour le Business (partenariats, écosystème numérique, ...) et le SI : inter fonctionner avec le Cloud, les SaaS, les APIs, ... tout en préservant l'existant (process réglementaires, flux "batch", patrimoine applicatif, cultures métier,...).

De la technologie, mais aussi, pour concrétiser ce miracle à portée de main, un minimum de réflexion et de "conception" :
  • pour définir les "meta" (meta-informations pour les données de référence, meta chaîne de valeur, nomenclature des événements, meta-datation, gestion de la subsidiarité, ...). Un ensemble simple et très concentré sur des sujets cernés par la méthode des "3 piliers",
  • pour mettre en place l'architecture pas à pas, sans intrusion, en migration souple, et opportunément à court terme,
  • pour dépasser le battage médiatique autour des techniques émergeantes ( Cloud, Big Data, NoSql, in memory, objets connectés,...), et situer ce tourbillon, et les nouvelles chaînes de valeur, dans un paysage SI et Business rénové.
Trois piliers, enracinés dans le futur, mais aussi fondés sur l'existant. Piliers orchestrant la flexibilité, charnières de la migration, invariants de la bascule pour le changement.


Des réactions ? des informations complémentaires ? Aller plus loin ? N'hésitez pas à me contacter...




lundi 30 novembre 2015

A quoi servent les modèles


Un monde étendu et complexe


Pour les acteurs du SI, des processus, du Business, le "modèle" est un guide rassurant. Il explique la structure des systèmes, des informations, de l'organisation, le fonctionnement de l'entreprise.
Les entreprises et organisations sont friandes de ces représentations schématiques, qui font le bonheur des consultants, la substance des enseignements, voire même structurent les métiers.

Mais, au delà de la séduction intellectuelle, à quoi servent-ils ?

Certes, ils permettent de comprendre la réalité. Ils fournissent une vision explicative. Il en découle, pour chaque domaine de modèle, des orientations pour l'action, et des tentatives de prévision.

Voilà bien la promesse des modèles, qui motive l'engouement pour ces outils, proposés dans toutes les sphères : modèles économiques, modèles business, modèles d'architecture d'entreprise, architecture des systèmes d'information, modèles des processus, ...

Les modèles se prolongent maintenant à l'écosystème de l'entreprise, vision dont j'ai été un précurseur. Ils tendent à s'intégrer dans une vision de plus en plus globale, et vaste, où les interactions entre les faits économiques, sociaux, et technologiques se combinent à l'échelle planétaire.

Ainsi les modèles expliquent un monde de plus en plus étendu et complexe.


Le poids du passé


Dans le monde réel, tout évolue. Les cycles, à tous les niveaux, caractérisent ces évolutions, dont on constate l'accélération. Les modèles n'échappent à cette règle universelle. Eux aussi évoluent. Repris par les milieux professionnels, les enseignements, les prestataires, ils ont leurs heures de gloire, .... puis passent... Et se régénèrent sans doute dans de nouvelles visions, mieux adaptées au contexte de l'époque.

Et ils deviennent ringards... Car la vraie vie n'a que faire des modèles. Les explications arrivent souvent a posteriori, comme on le voit dans les publications des plus sérieuses, pavées d'exemples et d'études de cas.

S'il est clair que les cycles technologiques se sont accélérés, et que l'économie n'a pas fini d'être déstructurée par la numérisation planétaire, qu'en est-il des modèles proposés ? Qu'en est-il de leur appropriation ? Un modèle efficace est un modèle partagé. Mais le délai de diffusion, de généralisation, est long, car il s'inscrit dans les pratiques culturelles,et leur viscosité incontournable.

De ce point de vue, un modèle, passé un temps de cycle, peut devenir contre-productif, et, sans qu'on en soit conscient, le poids du passé nous plombe.
  • Par exemple, dans le domaine des usages de la technologie des systèmes d'information : les modèles d'Enterprise Architecture ont été conçus à une époque maintenant surannée ! La "dette technique" se cache dans ces outils porteurs d'une vision technologique totalement dépassée.
  • Autre exemple : l'économie s'oriente de plus en plus vers l'iconomie, et cette tendance est planétaire. De sorte que, dans l'économie totale, la part de sa composante iconomique, que j'ai appelée ici le "continent numérique", ne cesse de croître... Pourtant les raisonnements se développent encore autour de visions nationales, occultant la dynamique globale. Là aussi, ne voir que son propre pays, son clocher, permet de se rassurer sur la dérive des continents économiques. Le risque est que le réveil soit trop tardif, pour se placer dans la redistribution des cartes à l'échelle planétaire.


Des visions fragmentaires


Une civilisation a les modèles qu'elle mérite : ils sont l'expression des idées dominantes, même si cette domination est inadaptée à l'époque et aux enjeux. Ces modèles qui rassurent sont, par là même, potentiellement dangereux. Car ils favorisent l'inertie intellectuelle.

Ils confortent aussi la multiplication de visions fragmentaires.

Ceci peut typiquement se constater dans les grandes entreprises et organisations, qui se sont organisées autour de "chapelles" spécialisées :
sur les finances, le SI, les processus,
véritables ordres monastiques. Ceux-ci perpétuent leurs idéologies appuyées sur des corpus méthodologiques, des certifications, de la "gouvernance".
Ces grandes entreprises et organisations, immenses navires, sont devenus, de l'aveu de certains responsables, quasiment ingouvernables. La conciliation entre les chapelles, le choc entre les visions, embolise l'organisation.

Ce mal provient de la domination égoïste de visions partielles, qui sont incapables de restituer la réalité. Car celle-ci se développe dans une symbiose technologique, sociétale, sociale, qui va de plus en plus dans l'intimité de notre vie, et défie les organisations traditionnelles.

Ce décalage se produit jusque dans le patrimoine réglementaire, issu de nécessités historiques, et qui peut être un obstacle aux évolutions à base technologique, à l'uberisation de la société. Car l'optimum global, social, économique, ne peut éternellement refuser ces évolutions ...

Rénover les visions


L'enjeu est bien de rénover ces visions, en particulier :
  • expliquer de façon cohérente toutes les transformations qui se réalisent dans le contexte "iconomique"
  • s'articuler entre les visions de haut niveau : économie, écosystème, ... et les visions du SI, des informations, jusqu'aux plate-formes techniques actuelles ou émergeantes.
Expliquer ainsi les "systèmes" dans leur globalité et leur architecture. C'est à cette proposition que ce site tente de répondre, en combinant quelques idées simples :
  • sur le fonctionnement des écosystèmes autour d'invariants, traversant toutes les "couches" (les chapelles évoquées ci-dessus)
  • sur les opportunités technologiques pour structurer l'instrumentation en SI et en processus, autour de composants clés : les référentiels et les puits de données.



Cette vision, basée sur ce trépied, résistera aux modes, ayant la capacité d'être adaptée à tous les contextes. Elle s'arrime aux cycles de la vie, et aux fondamentaux des transformations réalisées par les services, les industries, les organismes vivants, ... et les technologies.

Dans de prochains messages, nous détaillerons les divers paramètres qui donnent universalité et flexibilité à cette approche, en connectant la vision de haut niveau aux visions des technologies du SI.




vendredi 10 juillet 2015

Quels fondements de l'économie numérique ?


L'économie numérique, dénommée "iconomie",  présente clairement une rupture avec l'économie traditionnelle. C'est une nouvelle révolution industrielle.

Cette économie bouleversante a des caractéristiques originales, et l'on ne cesse de s'extasier ou de s'inquiéter de ces ruptures. On met en avant la multitude, le crowdsourcing, les big data, la mobicuité, les données personnelles, l'uberisation, la désintermédiation, l'économie de l'utilité, ...

De fait, ces termes et constats s'appliquent à des angles de vision sur une ou deux "faces" des transformations réalisées par les agents "iconomiques".



Au sens de ce site, et des concepts porteurs, toute transformation est systématiquement "multiface", et se caractérise au travers de ces différentes faces, comme constaté avec de nombreux exemples.



Axiomes de base de la Trame Business :


Rappelons ici les axiomes de base du modèle "Trame Business" :

Axiome 1 : Toute transformation, vue de façon systémique, associe plusieurs cycles et parcours, qui sont autant de "faces" de la transformation.

Axiome 2 : Ces faces, aux rythmes typiques, sont des caractéristiques invariantes de la transformation.

Ces axiomes de base sont constatés dans les transformations classiques, dans le service comme dans l'industrie, bref dans toute l'économie traditionnelle. Mais on les vérifie aussi dans les transformations sociales, la biologie, l'écologie, ... cette axiomatique fournit ainsi un prisme d'analyse à portée générale.

L'iconomie, qui innove certes sur les fins et les moyens, mobilise aussi cette mécanique multifaces universelle.

On peut ainsi analyser les fondements de l'iconomie.


La production de services iconomiques



Intéressons nous à la production du service rendu par un agent iconomique.

Le fait historique majeur est que la fonction de production est à coût marginal quasiment nul.

Cette loi n'a jamais existé dans l'histoire économique, et elle a des conséquences profondes sur le "modèle" des entreprises du secteur, et sur le développement de l'iconomie.

De plus, le transport de services, d'informations, la connexion en tout temps et à toute chose inerte ou vivante, se réalise à coût marginal nul. Le moindre composant iconomique est ainsi mondialement accessible.
  • dès lors la concurrence frontale est exacerbée sur les prix, la gratuité s'impose aux opérateurs qui trouvent leurs sources de revenu ailleurs (publicité, autres faces : voir ci-après),
  • la mise en réseau qui découle de cette ubiquité gratuite, et de la possibilité de connexion de tous, ouvre une boîte de pandore de communication et d'échange qui devient consubstantielle à tout service iconomique,
  • la concurrence sur le produit, est monopolistique, dédiée au service : de par la résonance au travers des réseaux sociaux,  les barrières à l'entrée se créent progressivement, éliminant les petits opérateurs qui n'atteignent pas une masse attractive suffisante. La composante de communication et d'échange balkanise le terrain iconomique en autant d'archipels de services ciblant des situations d'usage typiques. "L'externalité de réseau" s'applique ainsi aux plus grands acteurs comme les GAFA, mais aussi à des roitelets de services mondiaux spécialistes de ces situations d'usage.
Cette "face", celle qui apporte le service, demeure clé, mais d'autres faces, quasi muettes dans l'économie traditionnelle, entrent dans la danse, enflent la concurrence. Le succès ou la survie , dépend de ce jeu multi-faces.

Les modèles "multifaces"


Les économistes se sont intéressés, dans l'économie traditionnelle, aux modèles bifaces, par exemple ceux des cartes bancaires, qui se développent entre 2 types d'acteurs aux intérêts spécifiques. Ainsi le succès d'un service de ce type tient-il tant aux utilisateurs clients des cartes, qu'aux commerçants acceptant les cartes.

Dans l'économie traditionnelle, les économistes constatent un glissement du produit vers le service (pas de produit sans service).

Maintenant, ces tendances se prolongent, du fait de la nature multiface et communicante constitutive de l'iconomie :
  • pas de service sans communication (sous toutes formes envisageables du CRM aux réseaux sociaux, et avec tout media),
  • pas de modèle monoface, puisque les transformations tendent naturellement à être multipartenaires.
C'est ainsi qu'apparaissent des modèles typiques de l'iconomie, associant utilsateurs en sitution potentiellement synergique (blablacar), ou utilisateurs et producteurs diffus (uber), modèles ouvrant de nouvelles utilités, et parfois "casseurs" de rentes de l'économie traditionnelle.

Aussi typiques sont les modèles freemium et premium, permettant de trouver une source de revenu auprès d'utilisateurs payant, en les privilégiant par des informations captées dans la masse des utilisateurs gratuits. De plus la facturation, de ce type de service, est devenue une rente typique des GAFA, dégageant un revenu mondial, nativement candidat à toutes formes d'optimisations fiscales.

Le raisonnement isolé, polarisé traditionnellement sur un territoire figé, et sur une seule face, ne peut expliquer la transformation productive réalisée par ces modèles "iconomiques", construits sur un schéma similaire, multiface et apatride.

En phase de croissance de ces marchés, les acteurs iconomiques cherchent non seulement à envahir leur "océan bleu" pour y devenir l'acteur incontournable, mais aussi à se ménager des portes d'accès à de nouveaux marchés potentiels.

Et quels nouveaux usages trouver à l'information accumulée ? C'est en réalité une "face d'avenir" présente dans la pensée de tout entrepreneur de l'iconomie.


L'information porte d'accès à la diversification


Les débats sur la valeur de l'information s'enflent alors sans fin. Le rebond sur l'information est dans tous les esprits. Mais, on sait bien qu'une valeur n’apparaît que s'il y a échange, transaction. La valeur est donc par nature incertaine, et sa comptabilisation, arbitraire.

Ainsi une information individuelle, sans grand intérêt, pourra-t-elle devenir conséquente par évolution imprévue, ou simplement par l'accumulation, et l'atteinte rapide d'un seuil de signification statistique. Par exemple les données de santé sont au centre d'enjeux individuels et macro-économiques majeurs. Elles sont collectées par une multitude d'acteurs  de prévoyance, d'opérateurs de soins, voire par les GAFA.

L'information est ainsi une porte sur l'avenir, et sur des extensions iconomiques.

Le contexte est celui d'un basculement de la logique économique, orientée production de produits et de services, vers une logique orientée situations, événements et intimité.

La dynamique des données, au travers de l'Open Data, de l'économie des API, des Data Lake, mais aussi des "Puits de données" défendus sur le présent site, ... est en marche.

Les modèle de la Trame Business, nativement construit autour des événements du monde réel, est adapté à la représentation de ce far-west, en particulier pour anticiper et aider à la navigation vers ces paradis iconomiques.


La fragilité et les garanties de l'engagement


Nous avons vu la généricité et la stabilité des modèles de l'iconomie, mais la guerre de mouvement engagée n'est pas finie.

Les plus beaux succès peuvent un jour se déliter et disparaître sous les coups d'un concurrent innovant. En effet, les utilisateurs, avec la mobicuité, sont habitués à comparer et sont potentiellement "infidèles". Les rentes, de règle dans l'iconomie, ne sont plus assises sur un avantage local, une proximité physique incontournable.

La parade à ce risque peut venir de la captivité créée par l'engagement utilisateur. En effet, la transformation réalisée comprend une part utilisateur, coûteuse pour lui à maintenir, et dotée d'un poids affectif confortant l'engagement. Le site incite son utilisateur à gérer son profil, à constituer une clé de voûte d'autosatisfaction ... Bref, l'utilisateur focalise ses efforts sur un seul site, et s'y engage affectivement (événements personnels, amis, images, ...).


L'innovation et le "pouvoir" d'infrastructure



Cette parade par l'engagement suffit-elle ? D'autres propositions pourraient apparaître plus efficaces et séduisantes sur le même créneau, sur les mêmes situations... Innover en permanence devient nécessité absolue.

L'innovation est consubstantielle de l'iconomie. Dans l'économie traditionnelle (mécanique, pharmaceutique, spatiale, transport, énergie), nouveau produit signifiait souvent nouveaux processus, nouvelle usine, investissements lourds, délais en années. L'innovation se projetait aux plans mondiaux, financiers, pluriannuels.

L'iconomie va bien plus vite. De l'idée à la réalisation en quelques mois.

Un autre fait historique majeur entre en ligne de compte : l'émergence de nouvelles infrastructures, autorisant une agilité technique jusqu'à présent inconnue.

Les infrastructures IT ont en effet muté profondément, avec le "Cloud" et les nouvelles plates-formes.

Ces visions du cycle d'innovation, des cycles d'infrastructure, complètent ainsi le tour de vue des cycles fondateurs de l'iconomie.

On ne dispose pas encore du recul suffisant , mais le "pouvoir d'infrastructure" acquis par les industriels de l'infrastructure, comme Amazon avec AWS, est probablement un fait historique majeur, une révolution dans la révolution, dont il est encore difficile de percevoir toutes les implications.

Les bases d'un extraordinaire développement iconomique, à l'échelle mondiale, sont ainsi posées. Elles bousculent les raisonnements traditionnels, nationaux et sectoriels.






dimanche 31 mai 2015

Recyclons les idées pour transformer l'économie, l'entreprise, les SI

Sur ce site, à plusieurs occasions, nous avons vu à l'oeuvre différentes transformations.
D'abord, celles qu'instrumentent les systèmes d'information, à l'origine de mon ouvrage.

Puis ce modèle peut s'appliquer à l'entreprise, qui, dans tous ces fonctionnements, au travers de ses produits, de ses services, "transforme". Le modèle est identique, et se fonde sur les événements, assemblés en cycles et parcours.

Justement nous allons voir qu'il faudrait "recycler les idées", certaines anciennes approches étant obsolètes, comme de vieilles machines à coudre. Mais le recyclage des idées demande efforts et temps, plus que celui de machines à coudre :



Nous allons prendre pour guide le modèle systémique proposé. Plusieurs illustrations on été proposées ici. Par exemple le modèle, à plusieurs faces, d'un géant du net synthétise son fonctionnement :

Modèle à plusieurs faces
 Par extension, on retrouve la même logique de fonctionnement à l'échelle d'un pays :
Cycles d'une nation
Et, toujours avec le même prisme d'observation qui recherche les cycles fondateurs, le modèle s'applique à un écosystème :
Et peut aussi s'étendre aux transformations climatiques :

En somme tous ces exemples montrent l'intérêt d'une vision systémique. Ils démontrent que les cycles, présentés sur les faces de ces polygones, ne sont jamais isolés, et, bien que fortement autonomes, sont interdépendants.

Ils montrent aussi que l'équilibre du système dépend de la dynamique en fonctionnement. Que cette dynamique dépend des temps de cycle, qui sont souvent très différents comme dans l'exemple écologique. Dans l'économie industrielle, la création d'un nouveau produit, l'investissemnt dans une usine étaient sur des cycles longs. Dans l'économie numérique tout s'accélère, mais les cycles n'en sont pas moins présents, et pilotent de plus en plus les biorythmes.

Et, dans tous les cas, cette, dynamique, au cours du temps, enclenche le cycle majeur de transformation du système lui-même. Cycle qui explique, dans une vision plus large, sa croissance, sa survie, ou son déclin.

Inconscience des cycles


Bien souvent, plusieurs aspects du modèle sont connus, car ils sont directement "vécus". Bien souvent, la conscience d'un dysfonctionnement "facial", ou "systémique" est partagée, ou débattue.

Par exemple, bien des réglementations visent à corriger tel cycle de tel marché, en y introduisant des contraintes nouvelles. Malheureusement, les promoteurs de ces lois et règlements n'ont pas la compréhension globale du modèle, et ne le voient que par un bout de la lorgnette, c'est-à-dire un seul des cycles du système...

Dès lors leur nouveau règlement impacte, en ricochet d'autres cycles, et dans les cas les plus heureux, on en constate rapidement les dégâts et on "détricote" la réglementation déséquilibrante. Perte d'énergie dans tous les rouages de l'économie, et nouveau déficit d'image pour la classe politique.

Et puis, il y a les cas où le cycle impacté, est, dans sa nature, de longue haleine : le résultat n'est pas assez immédiat pour qu'on puisse faire machine arrière. Les "bonnes" intentions produisent alors, à terme, un effet inverse dévastateur. Ce fut le cas par exemple de la filière de l'industrie informatique française, dont la puissance publique, à force de bonnes idées déphasées du réel de marché, n'a fait qu'organiser le déclin et la disparition.

Car il faut du temps au temps : chaque cycle a son propre tempo, rien ne sert de croire qu'on peut le changer par décret. Car chaque face du système, comme illustré ci-dessus, n'est pas isolée et interagit avec les autres cycles, interaction qui crée l'équilibre dynamique du système.

Une difficulté générale


Dans le fond, ces écueils sont constatés dans tous les domaines, et on gagnerait fort à en tirer les enseignements.

Un autre exemple vient à l'esprit et a une résonance particulière pour la sphère des informaticiens et autres spécialistes de l'IT...

Il est clair que l'ingénierie logiciel, après des années de stabilité et de changements lents, est fortement secouée : développement "agile", irruption de nouvelles architectures, éclatement des modèles de bases de données, Big Data,... Or, face à cette rupture rapide, le temps d'appropriation par les professionnels est lent, le temps d'adaptation des filières universitaires, de remise en cause des thématiques classiques (la famille des standards MDA, les normes internationales, les manies des méthodes d'Enterprise Architecture,...) parait d'un autre ordre de magnitude !


Pourtant les choses sont simples. S'agissant par exemple de l'économie numérique, la transformation globale est rapide :

  • au niveau d'un pays elle explique une forte part de la croissance, à en croire les experts
  • et surtout, comme lors de tout révolution industrielle, elle provoque une redistribution des cartes, en terme de "puissance industrielle" et d'emplois, entre les nations.

Dans ce contexte, bien des experts recommandent une action radicale sur les formations, argumentant sur tel ou tel indicateur de retard de telle nation. Soit. Mais s'il s'agit de former à l'informatique sur les bancs de l'école, quel sera l'effet "à temps" pour créer un avantage compétitif ?

Voilà sans doute une bonne intention, rassurante, mais déphasée.

Le levier fiscal serait sans aucun doute plus efficace et rapide, tant que la "fenêtre" d'opportunité pour agir est encore ouverte.

Une méthode de raisonnement simple


Ceci étant dit, la méthode à laquelle ce site est dédié s'appliquait à l'origine pour la conception des SI. Car cette activité nécessite aussi une conscience de la dynamique du système, de ses cycles fondateurs, de son équilibre.

Bien sûr, concernant une entreprise, il existe une multitude d'approches méthodologiques, de façons de construire la stratégie, d'imaginer les "business model". Elles sont tellement riches qu'il faut des investissements en spécialistes et autres gourous.

Concernant une nation, il y a aussi la possibilité de grands modèles macro-économiques très sophistiqués. Encore une affaire de spécialistes.

Mais ici, nul besoin de tels détours productifs.

Transformation de machines à transformer
Et il me prend de rêver à un "machin" simple qui formaliserait ces fameux cycles, leurs temps de base, leurs interactions... A la limite une animation pour anticiper l'évolution d'un système au travers de ses différents cycles et parcours.

Car tous ces systèmes dont nous avons parlé sont des "machines à transformer" que l'on peut voir au travers d'un seul et même prisme générique !

Penser cycle pour transformer l'économie, l'entreprise, les SI !

Recyclons les idées issues d'un passé suranné.

mardi 12 mai 2015

De l'économie à l'iconomie


Tout change et se transforme... On en est conscient, et cette inquiétude fait partie de notre époque.

Mais au fait, qu'est ce qui change vraiment, au delà de la routine des modes et saisons ?

La roue tourne, le moulin moud le grain, mais pour quelle finalité ?

Avec l'invasion des technologies numériques, les logiques productives changent, les économies se transforment : on passe de l'économie traditionnelle à ce que l'on appelle l'Iconomie.

Qu'en est-il du cycle productif, celui qui fournit la matière, usine les produits, transporte, produit les services ?

Qu'en est-il des territoires économiques, des terrains de jeux des acteurs économiques ?

L'économie traditionnelle


Dans l'économie traditionnelle, plusieurs cycles, plusieurs ressources, concourent à la production, très schématiquement selon un schéma du type ci-dessous :
L'outil industriel, l'organisation et les processus sont en première ligne, soutenus par un SI support.

Les relations avec les partenaires, les clients, ... sont dominées par les contraintes de production, de l'organisation du travail, des rythmes déclaratifs et réglementaires, la fragmentation en "métiers", l'éclatement en "canaux".

Le SI est fondu sur ce modèle, désynchronisé, organisé pour les traitements différés et massifs des fonctions support (comptabilité, RH, décisionnel), faiblement couplé aux événements du monde réel.

Quant aux architectures techniques elles sont la dernière roue du carrosse, centre de coût sans valeur.

Cependant, avec le temps, du fait des évolutions technologiques, ce modèle économique traditionnel s'est transformé, et l'économie passe rapidement à l'iconomie.

L'Iconomie


Dans l'Iconomie, le SI est l'outil de production, omni présent et synchronisé à tous les évènements du monde réel. Plus question de fragmentation, de silos métier, de "batch" et autres EDI.

Le schéma se simplifie et se radicalise en s'appuyant sur une architecture technique banalisée (Internet, mobile, ...), ou différenciante, qui permet le contact le plus direct avec la vraie vie des événements.

La vie de personnes, d'objets, de marchés, de l'environnement, ... en mode connecté et sans détour.

L'entreprise et ses partenaires de l'écosystème réagit ainsi pour produire, mais aussi pour adapter son offre et proposer, engager le client, collaborer. Elle interagit et mobilise tout le contexte disponible en Big Data.

Les terrains de jeu de l'Iconomie


La technologie en se développant est invasive, et s'insinue dans toutes les activités, dans toutes les "chaînes de valeur".

Au delà du quotidien où tout se passe grâce à ces "usines" mixant société et technologies, des modifications profondes sont en marche. La révolution technologique provoque ces mutations économiques et sociétales : destruction de filières économiques, nouvelles relations sociales, nouvelles collaborations, risques d'atteinte à l'intimité, opportunités d'innovations inouïes, ...

Une analyse étriquée de l'ampleur de cette révolution amènerait à une défense de courte vue et sans lendemain. Les visions passéistes (du SI, de l'économie, ...) nous y conduiraient fatalement.

Le risque est en effet de raisonner selon le prisme culturel habituel, avec sa composante territoriale (l'esprit de clocher...), procéduriale (les processus, l'organisation...), méthodologique (l'historique Architecture d'Entreprise, les chapelles de modélisation du SI)...

L'agriculture, l'industrie se sont d'abord fondées sur l'exploitation de ressources matérielles, et naturelles. Sans matière à transformer point d'affaire et d'activité. A contrario, les activités de l'iconomie se déploient sur des terrains fondamentalement immatériels et apatrides. Les frontières y sont virtuelles. Elles sont cependant tangibles, objectives, car balisées par les événements qui jalonnent les cycles, parcours omni-présents dans le monde réel, et de plus en plus perceptibles en intimité.

La Galaxie de l'Iconomie


Les activités "iconomiques", nativement fondées sur de la technologie et du SI, ont une fonction de production à coût fixe, induisant l'occurrence de monopoles naturels spécialisés sur tel ou tel créneau de transformation. De jeunes patrons d'industrie ont investi cet eldorado : ce nouveau tissu économique est à situer dans l'histoire. Cette "industrialisation" transcende individus et entreprises, et bouscule les États.

L'émergence des terrains de jeu de l'iconomie est le fait majeur. Cet espace économique s'étend dans de multiples directions, synergiques, pour former une Galaxie numérique, terrain de jeu de l'Iconomie. Une "Galaxie de l'Iconomie", en violente expension :

Multiples dimensions synergiques de la Galaxie numérique

lundi 16 mars 2015

Les limites de la complexité des SI


En notre époque de découverte des déluges de données, de la jungle du tout connecté, de la rupture des architectures logicielles, la complexité du SI s'accroît inexorablement.

Comment endiguer la fuite en avant de la complexité ? Tout nous enseigne en effet que le concours du volume, de la diversité, dans un empilement Kafkaïen, et une combinatoire infernale, ne va pas s'arrêter.

Cette évolution connaîtra-t-elle des limites ? Où aboutira l'explosion actuelle ? En la prolongeant, la complexité du SI ne va-t-elle pas, selon la formulation consacrée en mathématiques "tendre vers +∞" ?

Nous avons recherché, dans des articles précédents, à maîtriser cette complexité extensive, et proposé un fil d'Ariane pour se retrouver dans ces labyrinthes déroutants. Cela suffira-t-il ?

Prenons un peu de recul, déposons un instant les armes de la gouvernance, taisons les incantations méthodologiques et autres prescriptions miracles. Et si nous observions de loin le monde vivant de la planète SI, comme si ne pouvions y agir, et devions simplement étudier sa population d'atomes de logiciels, et ses lois d'assemblage des projets ?

Les lois de la planète SI


Cette planète, dans sa complexité, obéit à deux types de lois :
  • au niveau global, macroscopique, celles d'un "système" qui contribue au fonctionnement du monde vivant, et peut être qualifié par des grandeurs caractéristiques : complexité (ou entropie ?), investissement, coûts récurrents, cycle de transformation, ...
  • au niveau détaillé, celui du "composant", des lois de fabrication, d'entretien, d'obsolescence, mais aussi  celles qui président à leurs assemblages (intégration, partage, dépendance,...), en somme des "fonctions d'intégration".

Cette approche, classique dans les sciences, est justifiée car :
  • Un SI global "infini" est une abstraction, insaisissable, et nous ne savons, avec nos outils actuels, décrire un ensemble que par sa composition : cartographier et tenir à jour une infinité de composants est impossible, recenser les interfaces générées par la combinatoire est hors de portée.
  • Seuls sont réels, descriptibles, spécifiables, des composants infinitésimaux, composants perceptibles, connus au plan local d'un "domaine fonctionnel", dont on ne connaît pas, en termes statistiques, les fonctions d'intégration.

Cette approche a été consacrée dans des disciplines scientifiques :
  • la physique, par exemple avec les lois globales de la thermodynamique et les lois de la mécanique quantique.
  • l'économie, avec les modèles macro-économiques, et l'économétrie micro-économique.

On pourrait ainsi capitaliser sur ces sciences plus anciennes que celles du SI, pour dégager des pistes pour l'avenir.



Quelles lois de composition des atomes du SI ?


Molécule en agitation thermique
Les atomes de composants ont un cycle de vie, et les acteurs du SI, MOA comme MOE y contribuent. Au cours de ces évolutions la question des interactions entre composants est l'objet de choix : partage de composants "réutilisables", respect d'un cadre architectural (SOA,...) de standards en données de référence, ... Ainsi, au cours du temps, les composants constituent des éléments du SI, et, par des compositions plus globales, des systèmes entiers.

Ces compositions ont une base technique, du fait des assemblages possibles, historiques, puis bouleversés par le progrès (intégration "lâche", conteneurs,...). Mais ce sont les acteurs humains, ceux des projets, qui sont à la manoeuvre sur le terrain.

En observant cette "vie sociale" des composants, vue de loin, plusieurs théories explicatives seraient possibles :
  • celle d'une gouvernance rationnelle, dictant ses lois, imposants ses modèles dans une volonté de maîtrise tous azimuts. De fait les traces de cette gouvernance sont troublées par les échecs des projets mégalithiques, et l'utopie des délais de mise en oeuvre. En somme le rêve d'une planète SI à la forme cristalline irréaliste.
  • celle d'une agilité retrouvée dans la vie détaillée de chaque composant, mais qui se heurte à l'absence de vision globale pour l'architecture fonctionnelle, épine dorsale d'une planète SI libérale mais cohérente. En somme le mirage d'une planète SI à la forme gazeuse, invertébrée.
Toujours dans cette vision distante, la clé du système, pour son développement, à la fois libéral dans le détail, et harmonieux dans l'ensemble, est dans la loi de composition des atomes du SI.  Cette loi, observée empiriquement, est méconnue. J'avais proposé une formulation mathématique sur le sujet du ROI des projets d'infrastructure, mais ce n'est qu'une modélisation théorique, on ignore qu'elles sont les vrais leviers, et les paramètres.

Certes cette loi, cette "fonction d'intégration" est probablement variable selon le contexte, les technologies, les comportements des acteurs,... Pour l'instant nous en sommes à des hypothèses.
Entre l'intégration dirigée et l'intégration libérale, aléatoire et opportuniste, existe-t-il d'autres voies ?


Passer du cercle vicieux au cercle vertueux



Remarquons d'abord que dans une société de SI à l'état "naturel", se mettent en place des cercles vicieux qui tendent à la complexifier, rigidifier, fragiliser : le fameux plat de spaghettis des interfaces et échanges, l'empilement des applications, l'imbrication, la propagation de la non qualité, de l'absence de sécurité, les "effets domino" et autres dépendances apparaissant a posteriori.

Ces phénomènes peuvent justifier une réponse autoritaire, comme les "methodos" le prônent.

Cependant quel est le carburant de ces cercles vicieux ? Quelles sont les incitations et les vrais leviers qui guident les décisions des acteurs "terrain", c'est à dire ceux des projets ?

On a sans aucun doute trois forces objectives :
  • la vision locale : l'acteur terrain voit clairement les avantages, ou les dysfonctionnements, sans percevoir les impacts plus distants, d'autant plus méconnus qu'ils sont loin et combinés avec des actions inconnues et non-coordonnées,
  • la vision de court terme, où des avantages et des coûts rapprochés sont plus sûrs et admis que des enjeux plus lointains,
  • les contraintes de l'existant, où le passage à de nouvelles normes, de nouvelles architectures, de nouveaux tempos d'échange, bref à une autre architecture d'intégration, représente un saut culturel, un effort, une prise de risque personnelle, et un coût de changement.
On a longtemps cru que le seul remède aux cercles vicieux était dans l'approche autoritaire et l'économie d'un SI dirigée.

C'est ignorer certains éléments clés de l'offre technologique actuelle, permettant de mobiliser ces mêmes forces dans des cercles vertueux qui réduisent la complexité et améliorent la souplesse de l'ensemble du SI.

Faciliter plutôt que Diriger


L'opportunité est en effet de pouvoir agir, de façon ciblée, minimaliste, sur les composants structurants, clés du SI. Nous avons déjà exposé le levier stratégique des puits de données comme clé d'évolution du SI. Il en va de même pour les données de référence, gérées sous le vocable du "MDM".

La disponibilité sur le marché de routines d'"intégration de données" permet de créer, autour de ces puits et référentiels, une ceinture de conversion permettant des accès dans toutes les temporalités et latences, et selon tous types de protocoles...

Ces composants, organisés en "services de données", font leur affaire de la complexité des "dialectes" locaux et variabilités opportunistes, avec une double vertu :
  • admettre toutes les modalités d'échange et d'intégration, pour une cohabitation "non intrusive" avec le patrimoine existant, donc sans sur-coûts, et dans des pas de temps courts,
  • préfigurer, pour les projets, des modalités nouvelles, plus alignées sur les possibilités actuelles (ESB, latence faible, Cloud, ...) et les exigences imposées au SI (tout connecté, mobilité, traçabilité, transparence, toutes sources,...).


Ce sont des composants "janusiens", du nom du dieux romain au double visage, l'un tourné vers le passé et l'autre vers l'avenir. Ainsi, chaque fois que la question de l'utilisation ou de la production des données de référence sera posée, au travers de MDM ou de "Puits", la solution "janusienne" s'imposera comme :
  • la moins coûteuse,
  • disponible, praticable,
  • évolutive,
  • garantissant l'avenir.
Le cercle vertueux sera en place.

Certes, un minimum d'anticipation et de budget sont nécessaires pour proposer ces composants. Mais, comparer aux dysfonctionnements cumulés, aux risques induits, aux coûts colossaux générés par la volonté de convergence dirigée, ces investissements sont minimes. Et cette approche incrémentale permet la progressivité au moindre risque.

En somme, changeons le paradigme de la maîtrise de la complexité. Changeons durablement les lois d'intégration des SI. Et que la charge de la preuve change aussi de camp : les composants janussiens s'imposeront car ils peuvent être visibles pratiquement, pour un coût raisonnable, dans le cadre de "POC" (proof of concept") rapides.

Changeons les lois de composition des atomes-composants, pour que le mouvement, l'agitation des projets, soient créateurs d'ordre, et non d'empilements aboutissant à l'embolie globale. Alors le "faciliter" primera sur le "diriger".

Et la complexité des SI sera maîtrisée par l'action de tous, autour d'épures tracées a minima. Et, par processus de sélection darwinienne, ces SI, libérés, et efficaces, supplanteront les SI ankylosés dans leurs directives obsolètes.

lundi 2 février 2015

Articuler le SI sur les invariants




Un raccourci sur le chemin de l'agilité


Par les temps qui courent, l'Entreprise voudrait évoluer, être agile, pour s'adapter aux défis de la transformation économique.
Ariane, Thésée et le Minotaure (Anne-Lan)

Les systèmes d'information, qui sont de plus en plus au cœur des activités, ont-ils la souplesse requise ? Bien souvent, on déplore leur inertie, des rigidités, une complexité regrettables. Mais on ne peut s'en passer.
L'urbanisme des systèmes d'information, l'Enterprise Architecture, tirent leur légitimité de ce dilemme.
Comment vaincre ce Minotaure de la complexité ?

Il faudrait un pouvoir magique pour nous livrer un SI :
  • à l'avenir infiniment agile, non seulement dans son détail de broderie logiciel, mais surtout dans sa composition d'ensemble, dans sa trame,
  • et respectant un patrimoine applicatif infiniment complexe, impossible à desimbriquer par l'utopie d'un plan raisonné.
A défaut, on se réfugie dans l'épaisseur des méthodes, le salut de la certification, ou, sans vue d'ensemble, l'on plonge dans une spirale de détails.

Comment s'y retrouver dans ce labyrinthe ?

Il existe pourtant une autre voie, un raccourci à notre portée. Cette voie découle d'observations simples.


Des invariants communs à toutes les transformations et toutes les architectures


Reprenons ici le fil d’Ariane maintes fois utilisé : la primauté universelle des événements, et de leurs assemblages en cycles et parcours. Ils sont à l'origine de toutes les formes de transformations, qu'elles soient matérielles, immatérielles, sociales, ... instrumentés par des processus, des SI, et de toutes formes de technologies, des primitives aux connectées,.. Dans leurs concepts, les événements sont invariants.

Ces invariants, à notre modeste échelle de l’Urbanisme des SI, pourront fonder des bases stables. Des bases pour articuler les SI. Et surtout, comme ils sont objectifs et externes au SI, ils ont du sens à tous les niveaux d'architecture : 
  • la "Business Architecture" qui voit le Business comme un assemblage de pièce de Lego, distribuables entre les Entreprises.
  • L’organisation qui structure l'entreprise autour de ses grandes chaînes de valeur,
  • L'architecture des SI, qui assemble les composants applicatifs,
  • l'architecture technique qui offre les divers supports techniques.

Quelques leviers pour réduire la complexité



Quel que soit le périmètre auquel on s'intéresse, il existe quelques leviers objectifs pour réduire la complexité, et l'entropie galopante ici maintes fois décriée.

Ces leviers doivent agir dans l'instant, mais aussi dans la durée pour simplifier, rationaliser le patrimoine applicatif. Ils pourraient porter sur le logiciel, mais celui-ci est protéiforme, et sujet à constantes évolutions. Finalement ce sont les informations qui sont les plus stables. Leurs définitions comme dans leurs traces traversent les époques.

Et surtout, parmi tout le champ sémantique, un noyau dur de concepts fonde la vision du monde objet des transformations :

  • l'identification, les caractéristiques identitaires, des dits "objets" de ce monde (personnes, entreprises, entités, produits, services, projets, gammes, contrats, comptes, portefeuilles, ...) portent sur les informations de référence, et de divers types. On parlera ici de "référentiels de données" (voir les référentiels de données piliers du SI).
  • les cycles de vie, les parcours, et la dynamique opérationnelle qui trace les transformations réalisées ( séquence d'étapes de processus, ordonnancement de systèmes, orchestration de services applicatifs, flux d'échange internes et externes, ...). On parlera ici de "données opérationnelles de référence" (voir à la découverte des puits de données).
Ce noyau dur est très largement standardisé par la réglementation (état civil, droit des sociétés, autorisations de mise sur e marché, sécurités,...) ou par les professions (normes comptables, prudentielles,...). Cette standardisation est en outre prolongée par les propres règles internes de l'entreprise, et contribue à la stabilité de l'édifice conceptuel.

Un noyau dur à effet maléfique ou bénéfique


Par contre, autour de ce noyau dur, que de sources de dysfonctionnements ! ... La mise en commun, la gestion de la qualité des données induites, l'organisation du partage de ce noyau structurant, hérite de l'organisation traditionnelle du patrimoine applicatif en silos cloisonnés, elle même calquée sur les silos de l'entreprise :
  • les "référentiels de donnée" sont souvent éclatés et imbriqués dans plusieurs domaines, par exemple tel ERP encapsule le référentiel et en a la maîtrise,
  • les données de référence se propagent tout azimuts, et dans une variété infinie de latences, de lots, de messages, de formats, et dans des états de qualité tout aussi variables... tissant une toile incommensurable menaçant le système d'embolie.
Ces défauts se diffusent, de proximité en proximité, dans toute l'étendue du SI, par un maléfique effet de levier !

Voilà donc bien les pivots dont nous avons besoin pour inverser cette perversité et placer nos leviers tueurs d'entropie :

Assainir le SI, et propager de la simplicité, éviter que les mêmes informations soient gérées sous une infinie variété de formes, dans des états de leurs cycles de vie non objectivés, non datés, non tracés, ... Bref, mettre de l'ordre dans cette Tour de Babel, à tous les étages, sémantique, fonctionnel, applicatif, et, technique...


Propager la simplicité par des "services focaux"


Le diagnostic est simple, de l'ordre de l'évidence. Le remède serait-il dans la réforme de l'organisation? Dans la méthodologie ? Dans la gouvernance ? Certes, mais cela demandera combien de temps, et combien d'escarmouches ? Qui sera le maître d'ouvrage, envers et contre tous ?

La cause de la saine Gouvernance est belle, mais elle risque d'être balayée par les urgences, et le court-termisme reprendra ses droits.
Une chose est de définir le modèle idéal pour ces données de référence communes, et une autre chose est de faire en sorte que ce modèle entre dans les pratiques.

Certes on peut définir des standards, "sur le papier", par exemple un simple "format pivot". Mais sera-t-il utilisé ? Est-il simple d'emploi, adaptable au contexte, à tous les cas de figure, par exemple pour gérer le synchronisme comme l'asynchronisme, et toutes les latences ?

Une vision fractale de points focaux
Soyons réaliste : Il faut que les décisions prises au fil des évolutions, de façon indépendante, non gouvernée, déconcentrée, aillent dans le sens de la simplification : que toute la complexité des échanges, des interactions soit concentrée sur des services "focaux", des "points focaux". Ces services sont construits pour offrir les données de référence à la "collectivité" des applications, et sous toutes modalités, et toutes mises en forme.

Sans mettre fin aux différents "dialectes" utilisés pour modéliser, interagir, échanger, des points focaux "polyglottes" visent à tuer dans l’œuf la combinatoire infernale de ces divers dialectes.

Cette simplicité, appuyée sur les bons outils conceptuels, et les solutions techniques agiles, réalisées en anticipation, se propagera de façon virale sans nécessairement avoir à être gouvernée. Voilà aussi un précieux morceau de Fil d'Ariane. La technologie de l'intégration de données permet de réaliser à moindre coût des POC (proof of concept) démonstratifs et opérationnels de tels points focaux destructeurs de complexité.

Deux types de composants pour articuler le SI


Dès lors comment s'articule le SI ? Comment lui donner la flexibilité attendue ? Comment le faire, non seulement sur le périmètre de l'entreprise, mais aussi sur celui de l'ensemble de l'écosystème ?

Très clairement les données de référence, dont nous avons vu la stabilité, sont les bases, les charnières, les piliers, ... avec, pour organiser la flexibilité globale, deux types de composants :

  • les piliers du SI, qui chacun dans son domaine sémantique, sont uniques et non substituables,
  • les SI spécialisés (en GRC, GRH, Comptabilité, production métier, ...) qui sont substituables, et peuvent être multiples dans l'écosystème ( plusieurs ERP, plusieurs solutions métier, ...)
Tout simplement la standardisation conceptuelle des piliers qui assure la flexibilité de l'ensemble, les autres composants du SI pouvant s'assembler autour de ces plateformes comme pièces d'un Lego.

Quant à l'habillage de ces piliers en points focaux polyglottes, il garantit la migration en souplesse au travers de tous les avatars technologiques ( le batch, l'EDI, l'ESB, les API, ...et le monde NoSql).

Et l'infini détail de la broderie logicielle pourra-t-il s'insérer dans un plan d'ensemble adaptable à toutes les stratégies, puisqu'il respecte les fondements mêmes des transformations aux quelles le SI contribue. Sur le périmètre de l’entreprise, et, au delà, celui de son écosystème, traditionnel ou numérique.

C'est cela, articuler le SI sur les invariants.
Uranie (Anne Lan)

mardi 6 janvier 2015

Croissance économique et nouvelles lignes de force




En ce début d'année, que nous apportera l'avenir, et quels seront les axes de développement de nos civilisations ?

On pourrait raisonner sur nos modèles historiques, analyser le sujet pays par pays. Mais il est clair que le développement se fait à présent le long de nouvelles lignes de force, apatrides et globales, qui se substituent progressivement aux fondements géographiques.

D'ailleurs, les analystes hésitent entre expectatives et certitudes.
  • Expectatives sur la croissance économique, qui dépend de nombreux facteurs dont les pays anciens leaders économiques n'ont plus la maîtrise. Expectative sur le véritable effet de la transformation numérique, vue, dans notre monde qui campe sur ses rigidités, comme "destructrice" d'emploi.
  • Mais certitudes quand à la rupture que nous vivons, de par ce fait.
Les prévisions sont difficiles : l'économie traditionnelle, en supposant qu'il existe dans l'économie une part qui ne serait en aucune façon atteinte par la transformation numérique, est de plus en plus liée aux aléas mondiaux, du seul fait de la globalisation. Par exemple le marché pétrolier est extrêmement versatile.

Et la transformation numérique accélère encore la globalisation, le monde numérique, comme nous l'avons maintes fois remarqué ici, étant un monde nativement apatride, qui n'utilise les frontières que pour contourner les zizanies fiscales entre potentats locaux.

Fin d'une époque ?
Décadence d'une civilisation ?

La question posée par la transformation numérique est celle de l'appropriation par les investisseurs économiques, ceux qui ont la capacité de transformer les infinies opportunités technologiques en territoires d'affaires viables, utiles, globales et rentables.

On aura beau appeler force gourous, créer commissions et sous-commissions, extrapoler les tendances, créer aides et pépinières : le hic serait que les nouveaux eldorados en expansion se créent avec les emplois qui nous intéressent ! Car de toutes façons ils se créeront, avec ou sans nous.

En premier, le raisonnement devrait porter sur la nouvelle géographie. Le numérique gomme les frontières, il change des modalités de vie, mais il ne change pas la vie ! Les événements qui rythment notre quotidien, notre biologie, notre vie familiale, sociale, ... demeurent. Les thérapies se posent de façon mondiale, car les pathologies sont identiques. Il en va de même pour nos patrimoines, qu'ils soient matériels au travers de la cité, des infrastructures, de nos structures économique et administratives, ... et de nos cultures. Les réseaux ont gommé les distances, et les proximités sont maintenant des proximités de situation dans une nouvelle géographie, qui s'impose à tous les acteurs économiques.

La nouvelle géographie est géographie des événements, des cycles et parcours. Nous l'avons vu, en particulier pour ce qui concernent l'être humain, une géographie de l'intimité.
L'accès à l'intimité

Géographie des invariants qui joue à présent le rôle que la géographie traditionnelle a joué pour le développement historique des économies.

Géographie issue du triomphe du logiciel, outil de toutes les industries. Géographie d'un monde nouveau, qui se développe en dehors des contraintes territoriales, et à l'aune de la créativité. En somme, un continent dont le poids économique dépassera celui des économies traditionnelles. Un continent, apatride, qui deviendra un jour ou l'autre, dominant.

Triomphe du logiciel, qui s'insinue partout, au cœur des serveurs, des réseaux, des objets connectés, des robots, et de toutes ces "intelligences". Impacte toutes les chaînes de valeur, tous les process, toutes les transformations, et, au final, tous les emplois. Le logiciel "mange l'économie". C'est un fait historique. Mais il n'y a pas de mystère : sa force vive révèle progressivement la géographie fondamentale des événements, dont nous parlons ici inlassablement. Certes, il faudra du temps pour que les grandes rigidités basculent et s'orientent selon ces nouvelles lignes de force, que les silos administratifs (nos institutions à tous niveaux, et de tous types, publics, sociaux, financiers, ...), les camps retranchés fonctionnels (les "métiers", les experts), délaissent les guichets protecteurs, les tempos désuets, les processus en cascade... et se synchronisent aux vrais rythmes.

Le monde des informaticiens lui-même est-il en phase avec cette rupture historique ? En général, il hérite des pratiques, et se rassure avec de la méthodologie complexe, voire confuse. Nous avons ici aussi milité pour des mises en mouvement, grâce à de faibles coûts et une flexibilité, face aux mastodontes et autres ERP qui "tiennent" le marché (voir en particulier le levier méconnu des "Puits de données"). Et il faudrait un peu moins de certitudes, et un peu plus de curiosité. Parmi les plus anciens, qui met la main à la patte pour s'approprier les nouvelles offres ? Sur l'intégration de données ? le NoSql ? Comment ne pas perpétuer de vieux schémas de pensée ?

Comprendre le continent numérique, passe par le repérage de la géographie des invariants ...

Excellente nouvelle pour les capitaines d'industrie qui disposent ainsi d'un repère pour naviguer, et se lancer sur de nouveaux territoires, ou, a contrario, exceller en Donquichottisme sur des territoires déjà investis par les GAFAs.

Mais c'est une mauvaise nouvelle, si la vision qu'on se donne est celle issue de la géographie traditionnelle, et de son prisme réducteur aux territoires matériels. Car ces territoires ne sont plus ceux du développement économique tant attendu.

Car le risque est de cumuler des efforts contre-productifs : s'attaquer aux effets et non à la cause. Projeter l'esprit de clocher sur ces espaces historiques (qui ont pu avoir un sens, par exemple à l'époque du "charbon-acier" de la création européenne) ... au mépris de la réalité de la rupture numérique.



Le sujet est celui du parcours vers cette cible, et des modalités pour l'atteindre. Et probablement, celui de la clair voyance : plus on nie cette évidence, plus on retarde la prise de conscience et l'anticipation.

Nouveaux enjeux, et échiquier mondial. Comment jouer une telle partie sans anticiper, et sans placer ses pions sur les bonnes cases ?

La géographie des invariants, ces cycles éternels faciles à repérer... tracent les bases d'un tel échiquier.

Meilleurs vœux à tous, pour s'approprier ce terrain d'évolution et ses lignes de force, géographie du futur.