Dans notre
civilisation de plus en plus globale, de plus en plus complexe, de plus en plus
numérisée, la compréhension des enjeux, des évolutions, des perversions, nous
échappe bien souvent.
En effet,
nous croyons ce que nous avons observé et appris.
Malheureusement
le monde évolue plus vite et nos croyances peuvent être de mauvais conseil :
- Trop locales, parfois même
affectivement passéistes
- Fondées sur une connaissance
technologique désuète
- Centrées sur une pression de
satisfaction immédiate, un égoïsme exacerbé
En somme,
alors que les enjeux globaux s'accumulent au fil de notre aveuglement
collectif, nous sommes des spécialistes des raffinements réglementaires, des
replis sur soi, et de la non-décision.
On peut en
voir de nombreux exemples,
- Le réchauffement climatique (la
multiplication des centrales au charbon, en alternative au nucléaire),
- La réforme des retraites (la solidarité avec les générations futures, justifie-t-elle de figer le système actuel, et de ne pas l'adapter aux formes d'emploi actuelles et à l'accroissement de la durée de vie...),
- L'emballement démographique qui
provoquera une déstabilisation globale inévitable.
A chaque
fois, c'est "la même histoire" :
- pas de diagnostic global partagé, au
niveau de compréhension qui donnerait du sens,
- pas de vision objective, à l'échelle
temporelle adaptée,
- pas de conscience de la
complexité et des interactions, dans la logique des transformations en
cours.
Bien sûr
nous avons à notre disposition toutes les sciences, toutes les technologies, et
nous pourrions comprendre et expliquer des pans entiers du processus enclenché.
Encore faut-il activer ces savoirs à bon escient, et sortir des débats stériles
dont nous sommes spécialistes.
Nous sommes
incapables de nous accorder sur l'explication, justement par nos travers
d'étroitesse de vue, notre incapacité à anticiper, à nous projeter, à nous
accorder, et à quitter nos égoïsmes superficiels.
Les solutions ne sont pas identifiées, reconnues, partagées. Et encore moins les chemins pour mettre en
œuvre de telles solutions. Dès lors, collectivement, nous faisons
"n'importe quoi"... Un peu comme un programmeur qui écrirait un
programme sans avoir de vision sur les fonctions à automatiser, et sur la
migration pour la mettre en place !
En ce sens,
l'Architecture d'Entreprise (EA) est une expérience utile, car elle pose un
défi de maîtrise de la complexité. Et le présent site, si l'on en extrait la
quintessence, ne traite que de cela.
L'Architecture
d'Entreprise permet de tester, à une échelle déjà bien souvent colossale, des
solutions à des problématiques complexes, techniques, sociales, culturelles...
Pour notre
civilisation, confrontée par ailleurs à des sujets encore plus inextricables et
globaux, comme indiqués ci-dessus, voilà bien un terrain d'expérience exemplaire, et à
disposition.
Certes, dans le domiane de l'EA, il
nous faut avouer bien des lacunes, par exemple la maîtrise des grands projets,
dont la plupart sont voués à l'échec, progresse lentement. L'arsenal
méthodologique traditionnel de l'EA, bien souvent critiqué ici, est clairement
inadapté et déconnecté des réalités actuelles.
Une vision systémique
L'Architecture
d'Entreprise veut décrire des systèmes complexes. Elle prétend dépasser les
visions technologiques et modéliser l'entreprise, au-delà de la stricte
structuration des systèmes d'information. Elle devrait donc pouvoir expliquer
les évolutions des systèmes d'information, mais aussi de nos sociétés, de notre environnement, de nos civilisations,
qui sont celles d'ensembles complexes. Avec le gigantisme de tels ensembles,
les descriptions et explications détaillées sont illusoires. Seules des visions
locales, des explications de sous-ensembles sont possibles, mais elles n'ont
pas de sens global et leur agrégation ne fonctionne pas.
De même les
avancées en continuité, ou les petits changements par tâtonnement, rassurants,
plaisants et naïfs, ne font que précipiter les futures catastrophes : faute
d'anticipation et de maîtrise, ils créent l'irréversible, les multiples effets
sans retour trop souvent constatés ici : promesses imprudentes, dettes
techniques, choix malencontreux qui s'avèrent bloquants, facilités illusoires...
Car, dans
les nombreux exemples que nous vivons, chacun comprend bien qu'il y a problème.
Souvent on se persuade de solutions "faciles", qui s'attaquent à une
partie du système... mais on doute vite de leur efficacité. En effet le
dysfonctionnement est global, et ces tentatives partielles sont vouées à
l'échec. Tout au plus une solution simpliste peut-elle s'imposer par
aveuglement collectif ou raisonnement primaire. Une analyse plus poussée,
prenant en compte l'ensemble des dimensions du sujet, est rarement aboutie, et,
en toute hypothèse, n'est pas consensuelle.
Cependant,
il ne faut pas désespérer, levons un peu le nez du guidon.
Notre époque
ne manque pas de défis motivants. Pour le réchauffement climatique, l'équilibre
des retraites, l'emballement démographique, à chaque fois la problématique
majeure est "systémique".
Voilà bien
un sujet connu des Architectes d'Entreprise... Ils ont pu constater la vanité
des solutions partielles, les illusions des grandes planifications utopiques,
qui présupposent une connaissance parfaite du futur et ignorent les aléas.
Finalement ils sont confrontés à une complexité ingérable par une ingénierie
classique, toujours fondée sur des a priori déterministes, et ignorant les lois
de fonctionnement des systèmes.
Pourtant de
telles lois sont génériques et depuis plusieurs années proposées par la Trame Business (au travers de nombreuses illustrations, par exemple sur le présent
site).
Certes la
problématique de l'Architecture d'Entreprise est confidentielle. Elle semble bien spécifique.
Historiquement elle découle de l'empilement des projets, aux imprévisions, aux
aleas et aux changements de cap. Pourtant, dans la vraie vie, il en va de même,
l'assemblage des différentes facettes d'un sujet, qu'il soit écologique,
démographique, économique, est rarement objectivé, et les visions partielles,
voire partiales, dirigent l'opinion, la réflexion, et l'action individuelle
comme publique.
En somme,
une approche globale et multi-faces, une approche "systémique" serait
en premier lieu un moyen pour comprendre le système, dans sa composition et ses
interactions. Ceci acquis, il serait possible de contrôler son évolution, et
peut-être sa maîtrise, s'il est encore temps et si des leviers existent.
La conscience des invariants
Dans tous
les systèmes complexes que l'on peut observer, il est frappant de constater que
plusieurs échelles temporelles existent. Des rythmes très courts, par exemple
pour produire, consommer, et des rythmes plus lents, qui créent les structures,
les usines, les concepts,.... Et quelques invariants, ou cycles de longue
échéance, quasi immuables dans un écosystème. On en a vaguement conscience de
cette multitude de rythmes, et de leurs interactions typiques à un écosystème.
On en connait les lois, par exemple économique au niveau des échanges de
produits et de services, dans un écosystème d'agents économiques, ou
biologiques dans un écosystème de vies, voire sociales, morales, dans une
civilisation...
Chaque assemblage
de telles lois suit des règles fixes, qui combinent les différents
événements cycliques et les transformations induites : c'est la mécanique
"systémique" proposée par la Trame Business.
Le mystère
est que le modèle s'applique à n'importe quel écosystème.
Le modèle
est fondé sur la connaissance de ces cycles et de leur invariance (chaque cycle
se reproduit à l'infini selon le même schéma) et leurs interactions. Le modèle
objective une structure architecturale stable, typique de l'écosystème. Et que
l'on retrouve toujours car dans toute vie, dans toute transformation, il y a des événements.
Le mystère
est que le modèle des modèles, le "meta-modèle" est lui-même stable
et invariant.
Illustration avec l'épineux cas des régimes de retraite
Un régime de
retraite est constitué par un ensemble de règles complexes. La refonte d'un tel
système est encore plus complexe puisqu'elle confronte la complexité de
l'ancien système à celle du nouveau système, dans une combinatoire infernale.
Pourtant, à
la base, c'est simple : l'utilisateur parcourt un cycle avec plusieurs temps,
des temps d'activité où il "ouvre des droits", et des temps de
retraite où il consomme ses droits. Ce parcours est conditionné par la vie
individuelle et professionnelle : éducation, formation professionnelle,
emplois, maladies, inactivité, ...
L'univers de l'ouverture des droits
La chaîne de
valeur de transformation en droits est appelée, au sens de la Trame Business,
"univers des droits"
Dans le
temps de l'ouverture de droits, les 2 parcours (vie professionnelle et
ouverture de droits) sont fondamentaux et liés par une chaîne de valeur qui
transforme les périodes, et événements de la vie professionnelle, en droits.
Pour
réaliser cette transformation on peut appliquer de nombreuses règles :
- dans l'ancien système, on
comptabilise des trimestres d'activité
- dans le nouveau système on
comptabilise des points d'activité, ce qui est un changement de la maille
de comptabilité
- l'événement dit de "droit
à la retraite" peut être conditionné par divers critères (âge, durée
d'activité, ...), il peut être impératif (retraite déférée ou avancée
pénalisée comme dans l'ancien système) ou au choix du futur retraité (avec
éventuellement un bonus-malus).
Toutes ces variantes
et subtilités caractérisent la chaîne de valeur de transformation en droits.
Bien sûr, on
peut cloisonner les divers individus en réalisant cette transformation dans des
"régimes" spécifiques à des statuts professionnels rigides, par
corporation (avec des règles plus ou moins spécifiques), ou fusionner les
régimes avec une règle unique. L'introduction de critères d'activité
(maternité, chômage, pénibilité) complique l'algorithme de transformation, mais
ne change en rien le principe du système.
Bien sûr, si
l'on changait les régles de calcul, en conservant une multiplicité de régimes,
cela n'aurait guère de sens. Dailleurs certains régimes fonctionnent déjà avec
des périodes fines, comptabilisées en points. Un système universel,
décloisonnant les corporations, implique donc des règles universelles, sans
doute aménagées, mais sur des critères objectifs liés au parcours professionnel
(pénibilité,...) ou aux événements de la vie (maternité, accident, chômage,
...) et non plus aux corporations historiques.
Ici on fait
abstraction des avantages ou inconvénients dont dispose tel ou tel régime du
fait de ses acquis (départ à la retraite avancé par exemple) ou de sa
démographie (rapport retraité/actifs favorable ou défavorable)... Cette
question va intervenir dans une autre transformation qui doit, ou non, réaliser
un équilibre global. Nous verrons que la nécessité d'un tel équilibre est induite par le principe
dit de la répartition.
La consommation des droits
Une fois les
droits "ouverts", il faut bien un jour, lors de la "liquidation"
de la retraite, les transformer en droits réels, permettant d'assurer la
retraite. C'est le sujet le plus épineux sur lequel il y a les plus fortes
divergences, nous l'examinerons en dernier.
On suppose
donc que, à la suite d'une liquidation, il y a eu retraite et donc consommation
des droits.
Le retraité
a ainsi un parcours de retraite qui peut être émaillé d'événements... Par
exemple cumul emploi-retraite (fortement découragé dans l'ancien système,
interdit ou pénalisé), activité partielle, bénévolat, retraite progressive,
réversion...). La coexistence entre cet univers et celui de l'ouverture de droits
est aussi envisageable, faisant sauter des verrous incompréhensibles
(cotisation obligatoire mais perdues...).
Le transport des droits
Nous
utilisons volontairement ce terme de "transport" des droits, pour
bien montrer qu'il s'agit de préserver ces droits acquis lors de la vie
professionnelle, sans les modifier, et de les rendre en droits utilisables pour
la retraite.
Il s'agit
d'un transport dans le temps, pour plusieurs décennies.
Plusieurs
méthodes sont pratiquées pour assurer ce transport :
- La capitalisation est une
opération financière qui organise le placement à long terme des droits
acquis, convertis en monnaie, sous forme de capital disponible lors de la
retraite. Le capital permet lors de la retraite de servir une rente,
calculée d'une part sur le rendement du capital et d'autre part sur la
durée de vie. La capitalisation comprend un risque, lié aux
investissements sur les marchés, ce qui est un des métiers des assureurs.
Ce principe est mal vu par les politiques "de gauche" car le
terme "capital" est synonyme d'injustice sociale, et de
recherche de profit. Pourtant des caisses de retraite ont recours à la capitalisation,
dans une déontologie respectant un modèle social. Le principal
inconvénient de la capitalisation est l'énorme inertie du système : il
faut de nombreuses années d'investissement pour constituer le capital.
Lors de la création des régimes de retraite, après-guerre, il a bien fallu
servir les retraites pour les nouveaux retraités, qui n'avaient pas
cotisé. Il eut fallu engager une énorme dette pour créer un tel régime.
- La répartition créée, pour les
futurs retraités, un droit de tirage sur la masse des cotisations des
actifs, valable au moment de la retraite. A l'opposé de la capitalisation
elle permet de servir une retraite sans le détour de la capitalisation.
Mais elle crée aussi de fait une dette qui, au cours du temps peut par
effet cumulatif, s'accroître ou se réduire. Ainsi la répartition pose
l'épineux problème de l'équilibre du systéme, alors que la capitalisation
est, par construction, équilibrée, et s'adapte automatiquement à l'age de
départ à la retraite, qu'il soit voulu ou contraint.
Dans ce
dernier cas de la répartition, on ne peut aveuglément convertir les droits de
tirage en pension, avec un calcul de rendement comme on le ferait en capitalisation, car plusieurs facteurs peuvent déséquilibrer le système.
On connait les leviers classiques : décaler l’âge de départ à la retraite,
réduire les pensions, augmenter les cotisations, accroître la contribution
budgétaire... mais il faut déjà comprendre les facteurs de déséquilibre,
les mesurer, faire des simulations sur échantillons. Justement, c'est assez compliqué la simplicité de la répartition est un trompeuse.
Les déséquilibres du système de répartition
Si le système
de répartition était à un équilibre fixe, ce serait bien commode : on
connaîtrait la valeur du droit de tirage (trimestre de cotisation, point
horaire). Malheureusement un système de répartition est par nature en équilibre
instable, ce qui implique des ajustements.
En effet son
équilibre est complexe car il met en balance les ressources que sont les
cotisations, et les dépenses de retraite.
Equilibre des cotisations
Il peut y
avoir de mauvaises ou de bonnes années pour le recueil des cotisations, par
exemple du fait de l'activité économique. Ces fluctuations se traduiront par
des droits acquis réduits ou accrus, à l'échéance des retraites, mais elles
affectent directement l'équilibre annuel de la répartition. Il faut donc avoir
des mécanismes de réserve financière pour faire face à ces aléas annuels et
réduire les divergences annuelles.
Par ailleurs,
si on veut en moyenne assurer une retraite équivalente, il faut disposer d’une masse financière qui permette le service des
retraites, dans un contexte où la durée de vie s’allonge : il serait
souhaitable que les taux de cotisations soient les mêmes entre les anciens
régimes et le régime universel. Or ce n'est pas le cas pour 2 raisons :
- des différences entre les
régimes eux-mêmes, qui ont leurs sources dans les particularités
instituées,
- des différences de taux entre
le régime "général" actuel et le régime universel, sont prévues (voir publication des Echos)
pour une part importante de la population (près de 13 % dont le revenu est
compris entre 1 et 3 fois le plafond annuel de la sécurité sociale 'PASS),
le taux passe de 26,9 % à 28,1 %, et au delà (entre 3 et 8 PASS) il n'y a
plus de cotisation (l'ancien taux de 26,9 % est remplacé par une
contribution de 2,8 % qui ne donne aucun droit... donc un impôt déguisé).
Ceci supprime une partie du financement pour les cadres retraités ayant
cotisé dans cette tranche : il n’y aura plus d’actifs cotisant pour
eux. En somme la répartition sera en panne : certains peuvent à juste titre être
inquiets pour le "transport" de leurs droits, alors qu'ils ont cotisé à un niveau élevé ! Cotisations perdues,mais aussi cotisations augmentées pour des régimes spécifiques (indépendants, intermittants,...).
Le souci
d'équilibre par rapport aux populations est pourtant fondateur d'un régime
universel par répartition. La principale comparaison se porte, dans la
documentation sur la réforme, principalement sur le régime général qui concerne
les actuels salariés du secteur privé, et le secteur public. Les autres agents
économiques, dont certains moins protégés (dont les agriculteurs;...) sont hors du champ de ces cas-type, listés ci-dessous :
Cas-type au
salaire moyen (SMPT)
Cas-type au
SMIC
Cas type du
non-cadre à carrière continue
Cas-type
d’une carrière heurtée
Cas-type
d’une femme durablement à temps partiel
Cas type
fonctionnaire – attaché d’administration
Cas type
d’un secrétaire administratif
Cas type –
adjoint administratif
A noter que
ces cas-types ne concernent que la génération 1980.
A l’évidence,
un panel de cas types représentatif serait bien venu, pour illustrer et
informer. Il serait aussi utile comme référent, pour étudier l’impact de la réforme, simuler les
modifications, mieux anticiper. Un problème de système d'information simple pour les bureaux d'étude, les chercheurs, les services statistiques...
Ceci dit,
même si les cotisations demeurent au même niveau, il y a beaucoup de difficultés
à comprendre comment se créé l’équilibre nécessaire à la répartition.
Equilibre au sein d'une génération
(intra-générationnel)
L'équilibre
au sein de chaque génération peut être mis à mal : la durée de vie s'accroit
d'une génération à l'autre, le début d'activité se fait de plus en plus tardif,
la structure des emplois se déforme, ...
On pourrait
imaginer de rechercher un équilibre entre la masse des droits acquis et une
estimation des pensions à servir et cela pour une génération. En effet, pour
une génération, un certain nombre de paramètres sont typiques : durée de vie, âge
de début d'activité, métiers, accidentologie, ...
D'ailleurs
on ne comprendrait pas pourquoi une génération devrait cotiser plus qu'une
autre...
Le premier
niveau de solidarité devrait être intra-générationnel. Mais ceci est n'est pas
acquis, car la solidarité s'est développée au sein des corporations, constituées
par profession. Or les métiers qui disposent d'un avantage démographique (par
exemple un métier émergent a beaucoup d'actifs cotisants et peu de retraités)
refusent cette solidarité, alors que les métiers en perte d'effectif veulent
figer le système pour faire appel au maximum à la solidarité au-delà de la
génération voire à la solidarité globale (recours aux provisions des régimes, augmentation des cotisations, des
impôts).
Malgré tout,
un système universel aurait le mérite de permettre cette solidarité
intra-générationnelle, avec bien sûr les aménagements objectifs (pénibilité,
métier à risque...) ou des compensations sociales (voir ci-après). L'idée de l’âge
d’équilibre, ou d’âge pivot pourrait correspondre à cette recherche
d'équilibre, mais le sujet est noyé par un autre déséquilibre.
Déséquilibre entre les générations (intergénérationnel)
Il n'y a pas
d'équilibre entre les générations : les effectifs des générations sont
variables, et la pyramide des âges les retrace ... certaines générations ont
plus d'effectifs, d'autres moins. Ce déséquilibre intergénérationnel s'ajoute
aux autres déséquilibres : certaines générations, en bonne position dans la
pyramide disposent, pour la retraite, d'une forte population d'actifs. C’est un
effet d'aubaine, dont d'autres générations ne disposeront pas. Par
construction, le système par répartition crée un déséquilibre intergénérationnel.
Le
rééquilibrage devrait logiquement se faire par un mécanisme de compensation
"neutre" (n'impactant pas les droits) par une caisse dédiée à la
gestion de cette dette intergénérationnelle (comme pour la régulation d'un
marché).
Une telle
caisse (FSVu) est prévue dans le régime universel, mais ne semble pas être
dédiée à ce seul objectif "un fonds de réserve, constitué à partir des
réserves actuelles et des éventuels excédents futurs, offrira une assurance
supplémentaire aux générations futures qu’elles aussi pourront bénéficier de
retraites satisfaisantes". Le risque est fort que ces fonds soient utilisés par opportunisme, privilégiant de fait des générations ou des corporations.
Impact des compensations sociales
Des
compensations sociales de solidarité : selon le rapport Delevoye "Aujourd’hui,
environ un quart des dépenses du système relève d’une logique de solidarité :
Droits à départ anticipé, droits familiaux et conjugaux, accès à des minima de
pension, prise en compte d’interruptions d’activité". Ces compensations
s'appliquent sur toutes les générations au moment de la liquidation, et
contribuent aux transferts sociaux au sein de la collectivité nationale.
Impact des conditions de la liquidation
Les conditions
de liquidation sont multiples :
·
Conditions pour
pouvoir demander la retraite
·
Conditions pour
le taux plein,
·
Règles de
prorata,
·
Bonus-malus
·
Règles de calcul
des droits
·
Règles de calcul
Regardons
par exemple les règles de calcul lors de la liquidation. Dans l'ancien système,
la retraite est calculée à partir de trimestres d'activité et des 25 meilleures
années, donc sur une partie de la carrière. Dans le futur système la retraite
se calcule sur toute la carrière et sur la base plus fine des heures
d'activité. L'idée s'est répandue que le nouveau mode de calcul était
systématiquement défavorable. Cependant, si l'on compare les 2 modèles de
calcul, et sans modifier les autres paramètres (âge de départ, compensations,
cotisations, etc...), la question est de savoir, pour une même masse à
répartir, quels sont les gagnants et les perdants... La réponse est simple :
cela dépend bien sûr du profil de carrière. Celui qui a eu de très bonnes 25
années, et un reste de carrière peu rémunérateur, sera avantagé par l'ancien
système. A contrario, celui qui aura eu une carrière longue, régulière et
continue sera avantagé par le nouveau calcul. Il y a d'autres cas particuliers,
par exemple les fonctionnaires avaient dans l'ancien système, une retraite
calculée sur le dernier salaire... avec une carrière où le salaire s'accroît
avec l'ancienneté. On voit ici que, partant du principe d'un respect
d'équilibre (même masse à répartir), on peut multiplier les variantes de
calcul. La multiplicité des régimes a introduit des disparités difficiles à
justifier. Le propos n'est pas ici de préconiser tel ou tel réglage,
d'arbitrer entre plusieurs "justices", car chacun trouve qu'il est
lésé et que les autres sont mieux lotis. Le sujet est de segmenter le problème
global posé, et de le diviser en plusieurs problèmes, afin d'éviter de tout
combiner, tout agréger en un seul propos où tous les thèmes se percutent.
Dans les
comparaisons des cas-type présentées dans le rapport Delevoye, il y a l'impact
de ce mécanisme de liquidation, mais qui se combine avec les autres mesures de
la réforme (mesures d'âge, bonus-malus, ...).
Autres interactions globales
D'autres
interactions globales affectent l'équilibre du système. La masse des cotisations
et des retraites versées n'est pas neutre au plan économique :
- les cotisations chargent les
emplois et accroissent le coût du travail en France, ce qui le rend moins
compétitif, ou, pour les emplois non marchands, alourdit les impôts et
autres charges collectives. De sorte que les cotisations réduisent aussi
mécaniquement la base taxable...
- les retraites versées sont pour
une bonne part consommées, ce qui soutient l'économie. D'une certaine
manière, leur accroissement est assimilable à l'accroissement d'une dette,
et donc un risque à plus long terme. En ce sens l'égoïsme des générations
qui préconisent, à leur profit, un déséquilibre de ce type, se reporte sur
les générations futures. C'est l'inverse d'une solidarité intergénérationnelle.
- Enfin la rigidité d'un système,
mettant tous les actifs à la retraite par mesure d'âge, est
contre-productive au plan économique : une part de la population pourrait
volontairement prolonger son activité et contribuer ainsi à la production
nationale, alors qu'une autre part pourrait par exemple s'engager à temps
partiel dans des activités solidaires.
Condamnés à la complexité ?
Après ce
rapide tour de piste sur la réforme des retraites, on est perplexe...
Sommes-nous
condamnés à la complexité ? Pouvait-on faire plus simple ?
Il est clair
que la complexité vient de loin, l'état des lieux est à l'image d'une vieille
cité historique avec ses quartiers, et incohérences.
La réforme a
voulu à la fois rationaliser cet ensemble historique figé, et ménager les situations
existantes, en proposant des transitions acceptables. Un compromis difficile.
D'où cette
hyper-complexité qui rend la réforme illisible. Sans doute une autre réforme le serait
tout autant. On cite souvent l"esprit" fondateur de la répartition, comme fil directeur. Mais il induit une complexité congénitale. Le mieux est l'ennemi du bien, probablement le raffinement de la
réforme, pour respecter ce principe, explique-t-il au final son incompréhension, et son impopularité.
Si on
accepte de jeter un œil "apolitique" sur le sujet, avec une approche
systémique, on peut regretter cette vision actuelle touffue et fouillée, où tous les
sujets se percutent, les déséquilibres s'ajoutent aux déséquilibres, les masses
financières se mixent,...
La réforme se
heurte une complexité qui sera durable. D'aucuns n'auront de cesse de détricoter
ce qui a été fait, et le tout n'en sera que plus complexe et illisible. Bien
sûr cela se fera par clientélisme, avec un affichage de justice. Attention
chacun a, en la matière, sa propre définition de la justice.
Cependant,
si l’on prend du champ, plusieurs décennies, le coût de la réforme, avec ses
grèves, les frais de reconversion, les coûts informatiques, s’amortira et l’effort
de convergence aura du sens. A condition
que la solution mise en place soit bien charpentée et évolutive.
Quelle stratégie de mise en œuvre ?
On sait bien que le plus compliqué dans une telle
mise en place est de gérer la longue migration entre les anciens systèmes et le
nouveau.
Faut-il une
stratégie de rupture ou, au contraire, une migration progressive, en douceur ?
En l’espèce, il a de tels écarts entre les règles de liquidation, par exemple
pour la fonction publique… impossible de procéder brutalement sans étudier les
différents scénarios. Par exemple, en ayant pour le régime transitoire des
fonctionnaires, une règle temporaire où le point de retraite serait calculé sur
le « point d’indice ». L’intégration des primes dans la base des
cotisations est un autre scénario, dont l’effet ne peut être que très lent.
En toute
hypothèse, il est préférable, avec une telle complexité, de ne pas enfermer l’organisation,
et le futur système technique qui permettra d’opérer la répartition, dans un
carcan. Il est impossible de tout anticiper et le futur doit être adaptable. Il
faut donc le concevoir comme tel. Par exemple pour gérer la migration on peut soit :
Ceci dépasse
largement le système technique support de la réforme. L’enjeu se situe aussi
dans l’organisation cible. Espérons que, dans les prochaines étapes, la
construction sera "modulaire", avec des opérateurs aux objectifs
clairs, des fonctions de service bien périmètrées, et une comptabilité cohérente,
analytique, ne mélangeant pas toutes les
sujets.
Du point de
vue systémique, la surconcentration sur quelques opérateurs publics (CNAVU,
ACOSS, FSVu), même si la gouvernance en est collégiale, ne garantit pas le
succès, bien au contraire. L'expérience prouve que les grands monopoles
administratifs ont assez systématiquement échoué dans leurs grands projets. Le
discours sur la concentration, la mutualisation, n'est pas historiquement crédible,
et le risque évident est de passer d'un système balkanisé à un système
hyper-concentré, sûr de son monopole, capable du pire.
Car la
concentration n'est pas une nécessité, c'est une dangereuse facilité. Seul le
schéma doit être unique, sans doute universel, mais une répartition transverse
aux corporations, séparant les cycles, serait innovante et sécuriserait le système, particulièrement
pour la gouvernance du "moteur" informatique !
Une Architecture des systèmes d’information flexible ou
rigide
En traitant
de ce sujet, nous ne voulions pas mettre en avant la question de l’architecture
du SI de retraite. En effet, il faut d’abord être au clair des finalités, de la
structuration autour des cycles fondateurs, de l’organisation prévue et souhaitable.
Tout ce dont
nous avons traité est la matrice du futur système.
Réciproquement,
en retour, le SI, indispensable au fonctionnement, peut-être soit contraignant,
pérennisant des choix figés, soit stratégique pour, par sa flexibilité,
autoriser l’adaptation aux évolutions et la résistance aux aléas.
L’Architecture Flexible apporte les outils pour une telle garantie (référentiels, puits d’événements, datation rigoureuse, …). Elle permet d’éviter le risque indiqué ci-dessus, qui découle fatalement d’une
organisation concentrée et monopolistique. Elle permettrait d’organiser un SI
en flux normés, ouvert et évolutif, en ligne avec la technologie actuelle (voir aussi sur ce site).
En posant
ici les différents cycles et parcours, les bases solides et pérennes d’un tel
système sont objectivées. On trouvera sur ce site et sur le blog de la Trame
Business tous les éléments du puzzle permettant d’articuler les multiples
systèmes, à faire converger et à créer, composant par composant.
Polygone des cycles de retraite
Le schéma ci-dessus présente l'association, en un polygone, de l'ensemble des cycles des faces de la problématique de retraite que nous avons évoquée.
Chaque cycle comprend des événements, des parcours typiques que nous avons évoqués ci-dessus. La synergie et la cohérence entre les cycles met en oeuvre des "puits d'événements" qui les synchronisent et des "référentiels partagés". L'"Architecture Flexible" permet de rendre le système évolutif et de l'adapter aux différentes implémentations organisationnelles et techniques.
Polygone des cycles de retraite
Polygone des retraites |
Chaque cycle comprend des événements, des parcours typiques que nous avons évoqués ci-dessus. La synergie et la cohérence entre les cycles met en oeuvre des "puits d'événements" qui les synchronisent et des "référentiels partagés". L'"Architecture Flexible" permet de rendre le système évolutif et de l'adapter aux différentes implémentations organisationnelles et techniques.
Great post i must say and thanks for the information. Education is definitely a sticky subject. However, is still among the leading topics of our time. I appreciate your post and look forward to more.
RépondreSupprimerPMP Certification in Malaysia
PMP Certification
RépondreSupprimeri am for the first time here. I found this board and I in finding It truly helpful & it helped me out a lot. I hope to present something back and help others such as you helped me.
360DigiTMG PMP Certification
360DigiTMG PMP Course
360DigiTMG PMP Course in malaysia
360DigiTMG PMP Training in Malaysia
360DigiTMG PMP Training
This is an excellent post I seen thanks to share it. It is really what I wanted to see hope in future you will continue for sharing such a excellent post.
RépondreSupprimerdata science course
“Every company has 'value architecture,'” says Williams whose research focuses on business model innovation.
RépondreSupprimerinternship in chennai
internship in chennai for cse
internship for mba in chennai
internship in chennai for hr
internship in chennai for mba
companies for internship in chennai
internship in chennai for ece
paid internship in chennai
internship in chennai for biotechnology
internship in chennai for b.com students
The art or science of building specifically the art or practice of designing and building structures and especially habitable ones.formation or construction resulting from or as if from a conscious act the architecture of the garden.
RépondreSupprimerinternship in chennai for mechanical
internship in chennai for cse students
internship in chennai for eee
internship in chennai for ece students
internship in chennai for bcom students
internship in chennai for mechanical engineering students
python internship in chennai
internship in chennai for it students
companies offering internship in chennai
internship in chennai for it
It plays a critical role in metabolism and thyroid function and helps protect your body from damage caused by oxidative ..
RépondreSupprimerinternship in chennai for mechanical
internship in chennai for cse students
internship in chennai for eee
internship in chennai for ece students
internship in chennai for bcom students
internship in chennai for mechanical engineering students
python internship in chennai
internship in chennai for it students
companies offering internship in chennai
internship in chennai for it
Super Article, Really useful more information I hope to share Information So you will be share and check here.
RépondreSupprimerinternship in chennai for mechanical
internship in chennai for cse students
internship in chennai for eee
internship in chennai for ece students
internship in chennai for bcom students
internship in chennai for mechanical engineering students
python internship in chennai
internship in chennai for it students
companies offering internship in chennai
internship in chennai for it
Help full post, lots of information
RépondreSupprimergazetted officer
z or r twice
what is isp
space complexity
ng-focus
unexpected token o in json at position 1
do a barrel roll 20 times
cannot set headers after they are sent to the client
how to hack any instagram account 100% working
blink html google trick
Ce commentaire a été supprimé par l'auteur.
RépondreSupprimerSuper article
RépondreSupprimerartificial neural network
what is artificial neural network
what is an artificial neural network
application of artificial neural network
artificial neural network application
artificial neural network pdf
artificial neural network ppt
artificial neural network tutorial
artificial neural network definition
artificial neural network types
which are readily available on AppExchange. Moreover various clouds of Salesforce, which include Sales cloud, Marketing cloud, Salesforce training in Hyderabad
RépondreSupprimer